Вольтер и его книга о Петре Великом

Евгений Шмурло
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Аннотация: Вниманию читателей представлен труд известного историка, члена-корреспондента Императорской Санкт-Петербургской академии наук Евгения Францевича Шмурло (1853-1934). Его книга увидела свет в Праге в 1929 г., давно стала библиографической редкостью, а потому оказалась малодоступной для читателей. Между тем она и в наши дни остается оригинальным исследованием о работе Вольтера над «Историей Российской империи при Петре Великом». Особую ценность представляют документальные приложения к книге, дающие возможность проникнуть в творческую лабораторию Вольтера, прояснить отношение критиков, в первую очередь М. В. Ломоносова и Г. Ф. Миллера, к его работе. Публикацию труда Е. Ф. Шмурло предваряет вступительная статья, в которой дается историографическая оценка его работ о Петровской эпохе.

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Вольтер и его книга о Петре Великом
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Ivan et Pierre

Horrible sédition de la milice de strélitz.

N. 144. – Deux jours après les obsèques du czar Fœdor, ils [les strélitz] courent

en armes au Kremelin; c’est, comme on sait, le palais des czars à Moscou; ils com-mencent par se plaindre de neuf de leurs colonels qui ne les avaient pas assez exac-tement payés. Le ministère est obligé de casser les colonels, et de donner aux strélitz

l’argent qu’ils demandent (434).

SUPP. p. 93, l. 12. deux jours après les obsèques du zar Fedor.

Le czar Fedor mourut le 27 avril 1682 et il fut enterré le lendemain. C’étoit ancien-nement la coutume en Russie d’enterrer les corps morts le plustôt qu’on pouvoit, et cela se faisoit ordinairement sans grande cérémonie. Ainsi il faudroit que ce que Mr.

de Voltaire apporte, des plaintes des strélitz contre leurs colonels, fut arrivé le 30

avril. Mais la relation sur laquelle le fait est fondé et dont l’original se trouve dans le

Theatrum Europæum, tome XII, p. 446, le met au lendemain de l’enterrement. L’histoire manuscrite des troubles excités par les strélitz, écrite par André Artemonowitsch Matfeow, ne dit pas un mot de ce procès, ni des punitions infligées aux colonels.

SUPP. p. 93, l. 13. ils courent en armes au Kremelin. La relation ne dit pas qu’alors les strélits soyent venus en armes, ce qui est aussi peu vraisemblable parce qu’ils venoient en suppliants.

SUPP. p. 93, l. 14. Kremelin qui est le palais des czars. On devroit dire: «où est le palais des czars». Le Kreml contient aussi plusieurs églises, cours de justice, magasins et des maisons des particuliers.

SUPP. p. 94, l. 1. pas assés exactement payés. La relation ne dit pas que les strélits n’avoient pas été exactement payés de la Cour, mais que les colonels leurs avoient retenu une partie de leur paye.

SUPP. p. 94, l. 3. Le ministère est obligé de donner aux strélits l’argent qu’ils demandent. Selon la relation, les colonels furent obligés par la Cour de rendre aux strélits ce qu’ils leurs avoient retenu de paye.

Pour comprendre les allégations du critique qui renvoie à la «Relation», voir les notes de Voltaire au chap. IV (au sujet de la révolte des strélits): «tiré tout entier des mémoires envoyés de Moscou et de Pétersbourg».

N. 145. – Ces soldats ne sont pas contents; ils veulent qu’on leur remette les neuf officiers, et les condamnent, à la plularité des voix, au supplice qu’on appelle des batoques; voici comme on inflige ce supplice. On dépouille nu le patient; on le couche sur le ventre, et deux bourreaux le frappent sur le dos avec des baguettes jusqu’à ce que le juge dise: C’est assez. Les colonels, ainsi traités par leurs sol-dats, furent encore obligés de les remercier, selon l’usage oriental des criminels, qui, après avoir été punis, baisent la main de leurs juges; ils ajoutèrent à leurs remerciements une somme d’argent, ce qui n’était pas d’usage (434).

SUPP. p. 94, l. 8. Voici comme on inflige ce supplice. Il me paroit indécent d’insérer dans l’histoire de Pierre le Grand la description comme on inflige les batoques. D’ailleurs tout le monde est assés informé de cette punition portant de description de l’empire de Russie qui sont imprimées en presque toutes les langues d’Europe.

SUPP. p. 94, l. 10. deux bourreaux. Ce ne sont pas des bourreaux qui infligent les batoques. Tout homme du commun le fait si son supérieur le lui ordonne. Dans l’armée ce sont ordinairement les tambours ou des simples soldats.

SUPP. p. 94, l. 14. remercier. On ne trouve rien de cela dans la relation.

SUPP. p. 94, l. 18. une somme d’argent. C’étoit l’argent que les colonels avoient retenu de la paye des strélits.

FAUTES, p. 94, l. 8. supplice. Le mot de châtiment conviendroit mieux. Les battocks sont encore aujourd’hui en usage dans les troupes. C’est une correction beaucoup plus légère que n’est celle de faire passer le soldat par les baguettes. Il n’y a aucune infamie dans ce châtiment.

N. 146. – La princesse Sophie… convoquait chez elle une assemblée des princesses du sang, des généraux d’armée, des boïards, du patriarche, des évêques, et même des principaux marchands (434).

SUPP. p. 94 à la fin. une assemblée de princesses du sang, etc. Matfeow rapporte que tout s’été agité à la sourdine par le boyarin Iwan Michailowitsch Miloslawski et par ses adhérents, Alexandre Miloslawski, Iwan Tolstoi et par deux colonels des strélits, Zikler et Oserow.

N. 147. – Un malheureux médecin hollandais, nommé Daniel Vangad (1759: Vongad) (435).

REM. I. p. 95, l. 19. le médecin hollandais se nommait Daniel van Garden.

REM. II. p. 94, l. 8[457] (1) le médecin hollandais s’appelloit Daniel von Gaden (MÜLLER: van Gaden).

SUPP. p. 95, l. 17. malheureux médecin hollandais. Je ne trouve pas que le médecin von Gaden étoit hollandais. La relation dit qu’il avoit été juif, qu’il avoit embrassé premièrement la religion luthérienne et s’étoit après cela fait rebaptiser selon le rit grec. Matfeow confirme son extraction juive.

JOUR. Croyez-vous, qu’on puisse écrire, sans défigurer entièrement et les mots et les noms… Daniel Vongad pour Vongaden, pag. 95?

Dans la lettre à Šuvalov du 25 septembre 1761: «J’avoue que les vers de Corneille sont un peu plus sonores que la prose de votre Allemand, dont vous voulez bien me faire part; peut-être même est-il plus doux de relire le rôle de Cornélie que d’examiner avec votre profond savant si Jean Gutmanseths était médecin ou apothicaire, si son confrère Van Gad était effectivement Hollandais, comme ce mot van le fait présumer, ou s’il était né près de la Hollande. Je m’en rapporte à l’érudition du Critique, et je le supplierai, en temps et lieu, de vouloir bien éclaircir à fond si c’était un crapaud ou une écrevisse qu’on trouva suspendu au plafond de la chambre de ce médecin, quand les strélitz l’assassinèrent» (N. 4690).

Voir appendice N. 2, par. 14 et 15.

N. 148. – On jette d’abord par les fenêtres les knès Dolgorouki et Maffeu [note de Voltaire: «Ou Matheoff; c’est Mathieu dans notre langue] (435).

REM. I. p. 96, l. 6. Il se nommait Matfeof (Ceci manque dans les REM. II).

SUPP. p. 96. on jette d’abord par les fenêtres. Le massacre commença le 15 mai et dura 3 jours. On ne jetta pas par les fenêtres, mais d’en haut du grand escalier qu’on nommait Krasnoi Kryletz.

SUPP. p. 96, l. 6. knès Dolgorouki et Maffeu. Le prince Michel Jurievitsch Dolgorouki et le boyarin Artemon Sergeevitsch Matfeoff furent les premiers que les strélits immolèrent à leur rage. Le fils du dernier, nommé André, jeune homme de 17 ans, eut le bonheur de se sauver du massacre. Ce le même qui a été depuis ambassadeur en France, Angleterre et Hollande, et que j’ai cité comme auteur d’une histoire manuscrite de ces troubles.

FAUTES, p. 96, l. 5. par les fenêtres. On les jetta du perron devant le palais.

N. 149. – Les strélitz… trouvent… Athanase Nariskin, frère de la jeune czarine; ils le massacrent… Leur fureur était si aveugle que, voyant passer un jeune seigneur de la maison de Soltikoff, qu’ils aimaient, et qui n’était point sur la liste des proscrits, quelquesuns d’eux ayant pris ce jeune homme pour Jean Nariskin, qu’ils cherchaient, ils le tuèrent sur-le-champ. Ce qui découvre bien les mœurs de ces temps-là, c’est qu’ayant reconnu leur erreur, ils portèrent le corps du jeune Soltikoff à son père pour l’enterrer, et le père malheureux, loin d’oser se plaindre, leur donna des récompenses pour lui avoir rapporté le corps sanglant de son fils. Sa femme, ses filles, et l’épouse du mort, en pleurs, lui reprochèrent sa faiblesse. Attendons le temps de la vengeance, leur dit le vieillard. Quelques strélitz entendirent ces paroles; ils rentrent furieux dans la chambre, traînent le père par les cheveux, et l’égorgent à la porte de sa maison (435).

SUPP. p. 96, l. 11. Athanase Narischkin. Il fut trouvé dans une église sous l’autel.

SUPP. p. 96, l. 18. un jeune seigneur de la maison de Soltikow. C’étoit le stolnik Fedor Petrowitsch Soltikow fils du Boyarin Pierre Michailovitsch. Les strélits le prirent pour Athanase Narischkin. Ainsi on voit que Mr. de Voltaire ne raconte pas ce fait dans son ordre naturel, mais ce n’est pas sa faute: la relation dans le Theatrum Europæum est la source de cette erreur.

SUPP. p. 97, l. 4. ils portèrent le corps du jeune Soltikow à son père pour l’enterrer. Cela est vrai; mais les strélits ne massacrèrent pas le père comme dit Mr. de Voltaire. Cela ne se trouve pas même dans le Theatrum Europæum. Ce fait doit, selon Matfeow, être rapporté au second jour du massacre et au vieux prince Dolgorouki, le père de celui que les strélits avoient tué le jour auparavant. Le prince Jurye Alexeevitsch Dolgorouki (c’étoit le nom de ce vénérable vieillard), âgé dans ce temps-là de 89 ans, étoit chef du pricas des strélits, et ainsi leur commandant en chef. Son fils Michel, celui dont nous avons déjà parlé, étoit son adjoint dans le même commandement. Le père n’avoit pas donné d’abord satisfaction aux strélits dans leurs plaintes contre leurs colonels, et le fils leur avoit reproché fort vivement du tumulte. Voilà la source de la haine des strélits contre cette famille. Ils entrèrent chez le bon vieillard en grand nombre et en armes faisant semblant de se repentir du meurtre de son fils, mais dans l’intention de se jouer avec lui le même rôle. Ils trouvèrent le prince paralytique au lit. Cet état, joint au bon accueil que le prince s’efforça de leur faire, les rendit confus. Après qu’ils étoient sortis le prince se servit du proverbe russe: ils ont mangé le brochet, mais les dents en restent. Cela fut rapporté aux strélits par un traître de valet. Sur cela ils rentrent en furie, trainnent le prince devant la porte de son hôtel et le percent de mille coups

N. 150. – Ils [les strélitz] trouvent un autre médecin allemand: «Tu es médecin, lui disent-ils; si tu n’as pas empoisonné notre maître Foedor, tu en as empoisonné d’autres; tu mérites bien la mort»; et ils le tuent (435).

SUPP. p. 97, l. 21. ils trouvent un autre médecin allemand. C’étoit Jean Gutmensch apoticaire. Il fut déclaré complice de van Gaden parce qu’il avoit préparé les médicamens avec lesquels l’autre, comme disoient les strélits, avoit tué le zar Fedor. Le discours que Mr. de Voltaire fait tenir aux strélits à cette occasion, paroit peu convenir à ce temps-là, parceque le scepticisme en fait de médecine n’étoit pas alors en vogue, comme il est aujourd’hui.

N. 151. – (le médecin hollandais). Ils ont trouvé chez lui un grand crapaud séché et une peau de serpent (436).

REM. I. p. 98, l. 12. grand crapaud. C’étoit un de ces grands polypes de mer qu’on pêche dans la Mer Noir, et que les Grecs mangeaient. (REM. II.: on pêche dans le Pont Euxin et dans la Méditerranée.)

SUPP. p. 98, l. 12. grand crapaud. Le grand crapaud ne se trouve dans aucun relation authentique. Matfeow n’en dit rien du tout, et la relation dans le Theatrum Europæum prétend que ce fut une grande écrevisse de mer ronde. On s’est trompé dans les remarques précédentes, en disant que c’étoit un grand polype de mer que les Grecs mangent. Un tel polype fut trouvé, selon Matfeow, chez le secrétaire d’état (dumnoi diak) historien Iwanow, et les strélits ne sachant ce que c’étoit le mettoient auprès de son cadavre lorsqu’ils l’avoient massacré.

MÜLLER. crapaud séché. Dieses war einer von den grossen Meerpolypen, die man im Schwarzen Meere und in dem Mittelländischen Meere fischt, und welche die Griechen essen.

N. 152. – La sœur d’Ivan Nariskin, les autres princesses, épouvantées, vont dans la retraite où Jean Nariskin est caché; le patriarche le confesse, lui donne le viatique et l’extrême-onction; après quoi il prend une image de la Vierge qui passait pour miraculeuse; il mène par la main le jeune homme, et s’avance aux strélitz en leur montrant l’image de la Vierge (436).

REM. II. p. 98, l. 19. la sœur d’Ivan Narisckin. C’étoit la tsarine douairière, mère de Pierre le Grand (REM. I. et MÜLLER: même texte).

REM. II. p. 98, à la fin. le patriarche. Le patriarche n’y étoit pas. Il n’osoit sortir de sa maison (REM. I. et MÜLLER: même texte).

REM. II. p. 98. il prend l’image. Un métropolitain portoit l’image de la Vierge devant Ivan Nariskin. On ne sait pas si cette image fut miraculeuse ou non. On a crû peut-être que le respect pour une image sainte arreteroit la fureur des strélitz. La princesse Sophie affectoit seulement de prier pour Nariskin. En secret elle animoit les strélitz à le tuer (REM. I. et MÜLLER: même texte).

N. 153. – Les princesses en larmes entourent Nariskin, se mettent à genoux devant les soldats… mais les soldats l’arrachent des mains des princesses, ils le traînent au bas des escaliers avec Vangad; alors ils forment entre eux une espèce de tribunal… ils condamnent les deux infortunés à être hachés en pièces; c’est un supplice usité à la Chine et en Tartarie pour les parricides: on l’appelle le supplice des dix mille morceaux. Après avoir ainsi traité Nariskin et Vangad, ils exposent leurs têtes, leurs pieds et leurs mains, sur les pointes de fer d’une balustrade. Pendant qu’ils assouvissaient leur fureur aux yeux des princesses, d’autres massacraient tous ceux qui leur étaient odieux, ou suspects à Sophie (436).

SUPP. p. 99, l. 4. se mettent à genoux. Matfeow ne dit pas cela. Il dit seulement que les princesses ont prié pour Narischkin. C’étoit le troisième jour du tumulte. Iwan Narischkin et le docteur van Gaden étoient les derniers qui finirent leur vie dans cette rébellion.

SUPP. p. 99, l. 14. c’est un supplice usité à la Chine. Il n’avoit jamais été usité en Russie. La rage le dictoit aux strélits, sans qu’ils savoient que c’étoit la coutume dans quelque autre pays du monde.

FAUTES, p. 98, l. 19. balustrade. Il y avoit sur le lieu ordinaire de supplice un grand pilier quarré avec plusieurs barres de fer pointues, sur lesquels on posait les têtes coupées des criminels d’État.

N. 154. – Cette exécution horrible finit par proclamer souverains les deux princes Ivan et Pierre [note de Voltaire: «Juin 1682»] en leur associant leur sœur Sophie en qualité de corégente (436).

SUPP. p. 100, l. 1. proclamer souverains, et dans la note: Juin 1682. La proclamation se fit le 18 mai le jour d’après que le tumulte étoit assoupi. Le couronnement se fit le 25 juin.

N. 155. – Se rapporte à la p. 436 (chap. IV).

ЛОМ. I. chap. 3. Вся сия глава о стрелецких бунтах не полна и весьма недостаточна. Много неисправностей. К сочинению ея можете перевесть приказать мой Экстракт о Стрелецких бунтах.

Chapitre V.


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