Вольтер и его книга о Петре Великом
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- Автор: Евгений Шмурло
- Жанр: Публицистика / Историческая проза
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9.
Je suis bien aise que l’agriculture n’ait jamais été négligée en Russie; elle l’а beaucoup été en Angleterre, et encore plus en France; et ce n’est que depuis environ quatre-vingts ans que les Anglais ont su tirer de la terre tout ce qu’ils en pouvaient tirer. Leur terre est très-fertile en froment, et cependant ce n’est que depuis peu de temps qu’ils sont parvenus à s’enrichir par l’agriculture. Il a fallu que le gouvernement donnât des encouragements à cet art, qui paraît très-aisé, et qui est très-difficile.
Jusqu’à présent la Russie n’a pas eu besoin comme l’Angleterre de recourir aux moyens inventés pour augmenter la fertilité du sol. La terre y produit sans ces secours plus qu’il ne faut pour nourrir ces habitants. Dans plusieurs provinces le cultivateur n’est pas en état de mettre à profit toute sa récolte, étant éloigné des grandes villes ou des rivières qui pourraient en favoriser la consommation et le transport. En Ukraine il reste souvent la moitié des bleds sur le champ et y pourrit faute de bras. Le terroir y est fertile par soi-même, qu’on ne sait pas ce que c’est que de l’engraisser. De là le bas prix des grains dans plusieurs provinces de l’empire. Un sac de froment[410], qui est payé à Pétersbourg 150 cop., n’y coûte que 20 à 30 copieks. Le prix de toutes les autres provisions de bouche est presque dans la même proportion. Si l’empire de Russie comprenait encor deux fois autant l’habitants, qu’il y en a actuellement, il serait en état de pourvoir à leur subsistance quand même l’agriculture resterait sur le pied, où elle est à présent. Tant il y a encor de terres incultes.